Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/280

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Les papengers étaient plus nombreux là que sur le lieu de la danse. Sur le seuil de presque chacune des portes, se tenait un de ces policemen malais, non plus armé d’un sabre, mais d’une espèce de fourche de fer dont je ne pouvais découvrir l’usage.

Au moment où je me cassais la tête à examiner le curieux instrument, le hasard, fit que d’une des cases un homme s’élança furieux. C’était un fumeur que l’opium avait rendu fou ; il brandissait dans sa main un poignard dont il menaçait ceux qui l’entouraient.

Il allait bondir dans la direction de la foule, lorsque tout à coup il s’arrêta brusquement, ne faisant plus ni un pas en avant ni un pas en arrière, mais vociférant de plus belle.

Le papenger venait d’abaisser sa fourche en exécutant absolument le mouvement d’une jeune miss qui chasse au papillon avec un filet de gaze : mon fumeur se trouvait pris par le cou de telle sorte que, sans pouvoir lutter, il allait être obligé de se laisser conduire en lieu de sûreté, d’où il ne sortirait que lorsque l’action excitante de l’opium aurait cessé.

J’étais suffisamment renseigné sur l’usage de la fourche des soldats de police ; elle me paraissait très-habilement inventée pour arrêter ces malheureux Malais que l’extrait du papaver somniferum rend fous furieux, au lieu de les endormir agréablement, effet qu’il produit sur presque tous les autres peuples.