Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/46

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C’était surtout dans les endroits marécageux que ses déboires augmentaient. Là où je n’enfonçais que jusqu’à la cheville, sir John en avait, lui, jusqu’à la ceinture ; lorsque la vase cédait sous moi de manière à m’envelopper jusqu’à mi-corps, obéissant aux lois de la pesanteur, il menaçait, lui, de disparaître complètement. Aussi, ce fut avec un plaisir plus grand encore peut-être que celui que j’éprouvai moi-même, qu’il mit le pied sur le terrain solide de la chaussée.

Ce qui surtout contribuait à faire maudire par mon gros ami tout le pays que nous traversions depuis la veille, c’était l’absence complète de gibier. D’après ce qu’il avait lu et d’après ce qui lui avait été dit, il s’était attendu à rencontrer, pour ainsi dire, à chaque pas, derrière chaque touffe de bambous, à l’abri sous chaque bosquet de palmiers, un animal sauvage. Ainsi que nous l’éprouvions et ainsi qu’il nous le fut prouvé plus tard, on peut faire parfois au contraire, dans l’intérieur de l’île, cinquante ou soixante milles sans trouver l’occasion de tirer un coup de fusil, voire même contre un bulbe ou contre une tourterelle, — les animaux, dans les pays tropicaux, se garant des ardeurs du jour et ne quittant le couvert que pendant la nuit.

De plus, dans tous ces pays fortunés, à végétations puissantes, il faut, pour être chasseur, bien d’autres connaissances, bien d’autres qualités que dans nos contrées. Sir John était un type du genre ; Cooper l’eût volontiers pris comme un modèle à offrir à ses