Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces misérables, les uns après les autres, quittaient la taverne pour se rendre à leurs nocturnes expéditions, ou pour aller prendre possession, au premier étage, des ces grabats dont l’enseigne orgueilleuse de maître Bob disait : Good beds, bons lits.

Welly fit un geste au tavernier, qui comprit et se dirigea vers l’entrée de sa cave.

Lorsqu’il en eut soulevé le panneau, le groupe d’ouvriers le rejoignit, et quelques instants après, ils descendaient tous les marches humides du caveau qu’éclairait une chandelle fichée dans le mur, et qui, ainsi que presque toutes les caves du quartier, avait sur la ruelle voisine une ouverture solidement fermée.

En traversant la salle, l’étranger avait pour la première fois remarqué la pauvre femme. Par hasard elle avait levé les yeux au moment où il passa devant elle.

Frappé de la finesse de ses traits, ainsi que de son air de souffrance, il avait demandé à son compagnon qui elle était.

— La femme de Bob, une malheureuse idiote, s’était contenté de répondre celui-ci, qui n’en savait pas davantage.

— Par ici ! dit le tavernier à ceux qu’il précédait, lorsqu’il fut au bas de l’escalier.

Armé d’un fanal, il se dirigea vers le fond de la cave, où étaient rangés en bon ordre, le long de la muraille, de nombreux tonneaux.

Arrivé là, il en tira un à lui, l’enleva de son chantier, le fit rouler, et démasqua un trou creusé dans le mur tout récemment, car des débris de sable et de ciment étaient encore à terre.

En se courbant en deux, un homme pouvait facilement s’y glisser.

Donnant l’exemple, Bob disparut dans l’obscurité.

Chacun de ceux qui l’accompagnaient l’imitèrent, et quelques minutes après, enlevant la chandelle de son fanal, le propriétaire du lodging house faisait voir orgueilleusement à Welly et à ses amis le lieu où il les avait conduits.

C’était une assez grande salle souterraine d’une construction fort ancienne, et qui devait avoir été prise dans les fondations de quelque vieil hôtel ou de quelque abbaye, à en juger par les piliers qui en soutenaient la voûte et les contre-forts qui se dressaient le long des murailles.

Peut-être avait-elle servi d’asile autrefois aux partisans de Charles Ier et à ceux du Parlement. Puis elle avait été oubliée, sans doute, par ceux qui avaient ensuite bâti sur les ruines de l’édifice dont elle avait fait partie.

On ne pouvait y pénétrer que par cette communication établie entre elle et la cave de Bob et par un passage obscur, que le tavernier disait s’arrêter à un puits abandonné et desséché qui s’ouvrait sur un terrain voisin.