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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/118

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bule, un des hommes qu’elle avait remarqués dehors. Cet individu s’était introduit sur ses pas dans la maison, et elle n’était que trop certaine qu’il rapporterait, dans un sens malveillant, à ceux qui le payaient, cette rencontre fortuite qu’il avait surprise.

Et cependant la jeune femme n’avait certes rien à se reprocher. Le souvenir de ce qui s’était passé entre elle et Gilbert n’avait pas disparu de sa mémoire ; la première fois qu’elle l’avait revu après cette scène douloureuse, par hasard, en traversant la cour, au moment où il causait avec un de ses amis, elle n’avait pu s’empêcher de rougir un peu, et quand sa tante lui disait que l’artiste s’informait toujours avec le plus vif intérêt de sa santé et de la marche de son procès, elle en était doucement touchée ; mais tout se bornait en elle à ce trouble passager, dont les préoccupations de sa campagne judiciaire ne lui permettaient pas de juger toute l’étendue, et qui, par conséquent, se dissipait rapidement.

Du côté de Gilbert, il n’en était pas de même. La sympathie spontanée que lui avait inspirée Mme Noblet s’était fatalement transformée peu à peu dans la solitude volontaire où il rêvait avec sa « Vierge des flots », dont les traits lui rappelaient à chaque instant celle qu’il avait tenue palpitante entre ses bras, et il ne luttait pas contre le sentiment qui l’envahissait tout entier.

Il ne se dissimulait pas que ce pouvait être là de l’amour, mais il s’en excusait, cœur chevaleresque, en aspirant à devenir l’ami, le défenseur, l’appui de