Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je viens me constituer prisonnière.

L’employé ne répondit rien. Sans s’inquiéter autrement de celle qui accompagnait la condamnée, il conduisit celle-ci jusqu’au greffe, — il n’y avait qu’un étroit couloir à traverser — où il la fit entrer la première, en annonçant :

— Voici une « constitution ».

Sauf qu’il était mieux tenu, moins lugubre et bien éclairé par deux larges fenêtres, le greffe de Saint-Lazare ressemblait à celui de la Permanence, comme toutes les antichambres de prison se ressemblent entre elles. En avant de la barrière qui le divisait en deux parties : la toise sous laquelle on fait passer toutes les détenues avant de les écrouer, et la porte de la petite pièce où une femme les fouille ; deux humiliations qui allaient être épargnées à Éva.

De l’autre côté de la barrière, quatre personnages travaillaient, courbés sur leurs pupitres.

L’un d’eux releva la tête. C’était un homme d’un certain âge, vêtu de noir, soigneusement rasé, coiffé d’une calotte de velours, avec des yeux clignotants et une physionomie placide.

Comprenant que c’était là le greffier, Mme  Noblet s’en approcha et, lui remettant l’avis qu’elle avait reçu du parquet :

— Monsieur, dit-elle, je suis la personne désignée dans ce billet.

Le bureaucrate n’eut pas même un mouvement de surprise : la jeunesse et la beauté de son interlocutrice le laissaient fort indifférent. Il avait vu passer