Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/374

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ments, ainsi qu’elle en avait si souvent exprimé le désir.

Le docteur et Gilbert rentrèrent bien vite au rez-de-chaussée.

Éva était toujours dans le même état comateux, et on devait supposer qu’elle s’en irait ainsi de vie à trépas, sans autre agonie, sans même qu’on s’en aperçût, quand, au bout de deux ou trois heures, elle commença à sortir peu à peu de son immobilité. Ses petites mains s’agitèrent, une affreuse expression d’angoisse s’étendit sur son visage, et ses lèvres s’entr’ouvrirent, grimaçantes et muettes pendant de longs instants ; puis elles finirent par laisser échapper, d’abord tout bas, avec effort, comme dans un murmure, à longs intervalles, ensuite plus haut, facilement et précipitées, ces étranges paroles :

— Quelle horreur, quelle horreur !

— Qu’a-t-elle ? Que veut-elle dire ? fit Ronçay en se penchant sur elle et en prenant une de ses mains. Entends-tu, Raymond ?

— Quelle horreur, quelle horreur ! répétait Mlle  de Tiessant, à haute voix.

— Elle souffre, elle souffre ! Je t’en prie, fais-lui une piqûre de morphine.

— C’est inutile, répondit Bernel. Elle n’éprouve aucune douleur, et souffrirait-elle, que la morphine ne produirait plus d’effet.

— Mais écoute donc : quelle horreur, quelle horreur ! Est-ce qu’elle va continuer à crier ainsi ! Ma bien-aimée, je t’en conjure ! C’est affreux d’entendre