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IV

Si Éva avait été élevée plus simplement et surtout dans un milieu moins vivant que celui de la rue de Lille ; si, dans un exil que tout d’abord elle dut croire momentané, en raison même de ses causes, et dont, conséquemment, le calme et la gêne même l’avaient souvent fait sourire plutôt qu’elle ne s’en était épouvantée, elle avait apporté moins de souvenirs parisiens, il est probable qu’elle eût accepté sans révolte la vie bourgeoise qui devenait la sienne, et sans répulsion ses devoirs d’épouse d’un homme de plus du double de son âge ; car son éducation chrétienne, sa jeunesse, son honnêteté native, la pureté de son cœur, tout conspirait en elle pour que son imagination et ses sens restassent endormis.

Malheureusement, il n’en était pas ainsi. La fillette que l’égoïsme paternel avait transformée si brusque-