— Oui, répondit Gaston, tout honteux d’en être arrivé là.
— Alors finissons-en. Ah ! un petit mot avant de signer.
La Fismoise avait entraîné le baron dans l’embrasure d’une fenêtre, loin de sa maîtresse.
— Je vais donc vous donner 20,000 francs, poursuivit-elle, moins ma commission de 10 %, c’est-à-dire 18,000 francs.
— Alors ça fait 40 % d’intérêt, puisque je dois vous rendre cet argent dans trois mois, observa M. de Fressantel.
— C’est toujours comme ça dans le commerce ! L’argent doit rentrer tous les trimestres.
— Va pour 18,000 francs !
— Ce n’est pas tout !
— Quoi donc encore ?
— Cette bonne Sarah me doit 3,000 francs : c’est bien naturel que vous payiez cette petite dette, puisque c’est elle qui m’a amenée chez vous.
— Alors, au lieu de 20,000 francs que je comptais recevoir, vous aller m’en donner 15,000. Cette somme ne me suffirait pas.
— Dame ! les affaires sont les affaires ; mais comme, décidément, vous m’allez, c’est 25,000 francs que je vais vous prêter sur votre mobilier. Ça fait alors 19 jolis mille francs que je vais vous compter.
— Comment, 19,000 francs ! Vous voulez dire 20,000 ?
— Ah ! vous comprenez, puisque j’augmente la somme, il me faut bien un petit supplément de commission en dehors.
— Enfin, soit ! terminons !
La brocanteuse rédigea l’acte de vente en véritable brasseur d’affaires ; Gaston signa, et elle lui compta les 19,000 francs convenus.
Cinq minutes après, elle partageait généreusement avec la comédienne ces fameux 3,000 francs que celle-ci était censée lui devoir.
Sarah Bernier, elle aussi, avait sa petite commission.
Quant à M. de Fressantel, après le départ de Françoise et de sa complice, il s’était mis à sa toilette, un peu réconforté. Il venait de la terminer et allait sortir, lorsque du Charmil vint le chercher pour dîner.
Le baron mit son ami au courant de ce qui s’était passé.
— Alors tout va bien ! s’écria Paul gaiement. Il y a réception ce soir chez la Louve ; nous irons faire un tour, n’est-ce pas ?