Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/238

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apprenait en de telles écoles était le grec classique. Il n’est pas croyable qu’un homme qui eût pris des leçons même élémentaires de grammaire et de rhétorique eût écrit cette langue bizarre, incorrecte, si peu hellénique par le tour, qui est celle des lettres de saint Paul. Il parlait habituellement et facilement en grec[1] ; il écrivait ou plutôt dictait[2] en cette langue ; mais son grec était celui des juifs hellénistes, un grec chargé d’hébraïsmes et de syriacismes, qui devait être à peine intelligible pour un lettré du temps, et qu’on ne comprend bien qu’en cherchant le tour syriaque que Paul avait dans l’esprit en dictant. Lui-même reconnaît le caractère populaire et grossier de sa langue[3]. Quand il pouvait, il parlait « l’hébreu », c’est-à-dire le syro-chaldaïque du temps[4]. C’est en cette langue qu’il pensait ; c’est en cette langue que lui parle la voix intime du chemin de Damas[5].

Sa doctrine ne trahit non plus aucun emprunt direct fait à la philosophie grecque. La citation d’un vers de la Thaïs de Ménandre, qu’on trouve dans

  1. Act., xvii, 22 et suiv. ; xxi, 37.
  2. Gal., vi, 11 ; Rom., xvi, 22.
  3. II Cor., xi, 6.
  4. Act., xxi, 40. J’ai expliqué ailleurs le sens du mot ἐϐραϊστί. Hist. des lang. sémit., II, i, 5 ; III, i, 2.
  5. Act., xxvi, 14.