Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/239

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ses écrits[1], est un de ces proverbes monostiques qui étaient dans toutes les bouches et qu’on pouvait très-bien alléguer sans avoir lu les originaux. Deux autres citations, l’une d’Épiménide, l’autre d’Aratus, qui figurent sous son nom[2], outre qu’il n’est pas certain qu’elles soient de son fait, s’expliquent aussi par des emprunts de seconde main[3]. La culture de Paul est presque exclusivement juive[4] ; c’est dans le Talmud, bien plus que dans la Grèce classique, qu’il faut chercher ses analogues. Quelques idées générales que la philosophie avait partout répandues et qu’on pouvait connaître sans avoir ouvert un seul livre des philosophes[5], parvinrent seules jusqu’à lui. Sa façon de raisonner est des plus étranges. Certainement il ne savait rien de la logique péripatéticienne. Son syllogisme n’est pas du tout celui d’Aristote ; au contraire, sa dialectique a la plus grande ressemblance avec celle

  1. I Cor., xv, 33. Cf. Meinecke, Menandri fragm., p. 75.
  2. Tit., i, 12 ; Act., xvii, 28. L’authenticité de l’épître à Tite est très-douteuse. Quant au discours rapporté au chapitre xvii des Actes, il est l’ouvrage de l’auteur des Actes bien plus que de saint Paul.
  3. Le vers cité d’Aratus (Phaenom., 5) se retrouve, en effet, dans Cléanthe (Hymne à Jupiter, 5). Tous deux l’empruntaient sans doute à quelque hymne religieux anonyme.
  4. Gal., i, 14.
  5. Act., xvii, 22 et suiv., en tenant compte de la note 2, ci-dessus.