Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/401

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que[1], restait la croyance d’un petit nombre d’esprits élevés, n’exerçant aucune action sur leur siècle.

L’Empire, jusqu’à Vespasien, n’avait rien qui put s’appeler instruction publique[2]. Ce qu’il eut plus tard en ce genre fut presque borné à de fades exercices de grammairiens ; la décadence générale en fut plutôt hâtée que ralentie. Les derniers temps du gouvernement républicain et le règne d’Auguste furent témoins d’un des plus beaux mouvements littéraires qu’il y ait jamais eu. Mais, après la mort du grand empereur, la décadence est rapide, ou, pour mieux dire, tout à fait subite. La société intelligente et cultivée des Cicéron, des Atticus, des César, des Mécène, des Agrippa, des Pollion, avait disparu comme un songe. Sans doute, il y avait encore des hommes éclairés, des hommes au courant de la science de leur temps, occupant de hautes positions sociales, tels que les Sénèques et la société littéraire dont ils étaient le centre, Lucilius, Gallion, Pline. Le corps du droit romain, qui est la philosophie même codifiée, la mise en pratique du rationalisme grec, continuait sa majestueuse croissance. Les grandes familles romaines

  1. Voir, par exemple, l’admirable lettre xxxi à Lucilius.
  2. Suétone, Vesp., 18 ; Dion Cassius, t. VI, p. 558 (édit. Sturz) ; Eusèbe, Chron., à l’an 89 ; Pline, Epist., I, 8 ; Henzen, Suppl. à Orelli, p. 124. no 1172.