Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/82

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du maître, dit-elle, et nous ne savons pas où on l’a mis. »

Les deux disciples se lèvent à la hâte, et courent de toute leur force. Jean, le plus jeune, arrive le premier. Il se baisse pour regarder à l’intérieur. Marie avait raison. Le tombeau était vide. Les linges qui avaient servi à l’ensevelissement étaient épars dans le caveau. Pierre arrive à son tour. Tous deux entrent, examinent les linges, sans doute tachés de sang, et remarquent en particulier le suaire qui avait enveloppé la tête roulé à part en un coin[1]. Pierre et Jean se retirèrent chez eux dans un trouble extrême. S’ils ne prononcèrent pas encore le mot décisif : « Il est ressuscité ! » on peut dire qu’une telle conséquence était irrévocablement tirée et que le dogme générateur du christianisme était déjà fondé.

Pierre et Jean étant sortis du jardin, Marie resta seule sur le bord du caveau. Elle pleurait abondamment. Une seule pensée la préoccupait : Où avait-on mis le corps ? Son cœur de femme n’allait pas au delà du désir de tenir encore dans ses bras le cadavre bien-aimé. Tout à coup, elle entend un bruit léger derrière elle. Un homme est debout. Elle croit d’abord que c’est le jardinier : « Oh ! dit-

  1. Jean,xx, 1-10. Comparez Luc, xxiv, 12, 34 ; I Cor., xv, 5 et la finale de Marc dans le manuscrit L.