Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/102

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villes. Les premiers apôtres chrétiens ne prêchèrent pas les campagnes. Le paysan (paganus) fut le dernier à se faire chrétien. Les patois locaux que le grec n’avait pas déracinés dans les campagnes en étaient en partie la cause. À vrai dire, le paysan disséminé hors des villes était chose assez rare dans les pays et à l’époque où le christianisme se répandit d’abord. L’organisation du culte apostolique consistant en assemblées (ecclesia) était essentiellement urbaine. L’islamisme, de même, est aussi par excellence une religion de ville. Il n’est complet qu’avec ses grandes mosquées, ses écoles, ses oulémas, ses muezzins.

La gaieté, la jeunesse de cœur que respirent ces odyssées évangéliques furent quelque chose de nouveau, d’original et de charmant. Les Actes des Apôtres, expression de ce premier élan de la conscience chrétienne, sont un livre de joie[1], d’ardeur sereine. Depuis les poëmes homériques, on n’avait pas vu d’œuvre pleine de sensations aussi fraîches. Une brise matinale, une odeur de mer, si j’ose le dire, inspirant quelque chose d’allègre et de fort, pénètre tout le livre et en fait un excellent compagnon de voyage, le bréviaire exquis de celui qui

  1. Act., xiii, 52 ; xv, 3, 31.