Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/149

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ou sont encore respectables ; mais on cesse de leur prêter une vertu intrinsèque. Circoncision, baptême, pâque, azymes, sacrifices, tout cela devient également secondaire. On n’y pense plus. Aucun incirconcis, d’ailleurs, ne se mit nettement avec Jésus, de son vivant ; la question n’eut donc pas l’occasion de se poser. Comme tous les hommes de génie, Jésus ne se souciait que de l’âme. Les questions pratiques les plus importantes, celles qui paraissent capitales aux esprits inférieurs, celles qui causent le plus de torture aux hommes d’application, n’existaient pas pour lui.

À sa mort, le désarroi avait été général. Abandonnés à eux-mêmes, privés de celui qui avait été pour eux toute une vivante théologie, ils revinrent aux pratiques de la piété juive. C’étaient des gens dévots au plus haut degré ; or la dévotion du temps, c’était la dévotion juive. Ils gardèrent leurs habitudes, et retombèrent dans ces petites pratiques que les personnes ordinaires envisageaient comme l’essence du judaïsme. Le peuple les tenait pour de saintes gens ; par un singulier revirement, les pharisiens, qui avaient servi de point de mire aux plus fines railleries de Jésus, se réconcilièrent presque avec ses disciples[1] Ce furent les saddu-

  1. Act., v, 34 ; xv, 5 ; xxi, 20 ; xxiii, 9 et suiv.