Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/158

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qu’un parti à prendre, c’était de se cacher pour fuir les sarcasmes. Jamais un homme du monde ne se fût résigné à une telle situation, et c’est là sans doute la raison pour laquelle les conversions au judaïsme étaient bien plus nombreuses parmi les femmes que parmi les hommes[1], celles-ci n’y trouvant pas dès l’abord une épreuve repoussante et choquante à tous égards. On a beaucoup d’exemples de juives mariées à des païens, et on n’a pas un seul exemple de juif marié avec une païenne. De là bien des tiraillements ; le besoin se faisait sentir d’un casuiste large qui vînt mettre la paix dans ces ménages troublés.

Les mariages mixtes étaient l’origine de difficultés du même genre. Les juifs traitaient ces mariages de pure fornication[2] ; c’était le crime que les kanaïm punissaient du poignard, justement parce que la Loi, ne le frappant d’aucune peine déterminée, en laissait la répression au bras des zélés[3]. Bien que

  1. Josèphe, B. J., II, xx, 2. Cf. Derenbourg, Palestine d’après les Thalmuds, I, p. 223, notes, et dans Forschungen der wiss.-talm. Vereins, no 14, 1867 (Beilage zu Ben Chananja, no 6), p. 190 ; Act., xiii, 50 ; xvi, 1.
  2. Genèse, xxxiv, 14 et suiv. ; Exode, xxxiv, 16 ; Nombres, xxv ; Deutér., vii, 3 et suiv. ; I Rois, xi, 1 et suiv. ; Esdras, x ; Néhémie, xiii, 23 et suiv. ; Talm. de Jér., Megilla, iv, 10.
  3. Mischna, Sanhédrin, ix, 6. Cf. Nombres, xxv, 13.