Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/160

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la population est juive, et où la richesse est entre des mains juives, le commerce vivant de la société est par là rendu impossible. L’antiquité se plaignait déjà de ces entraves[1]. Une loi juive, reste des siècles reculés durant lesquels les soins de propreté furent une partie essentielle de la législation religieuse, frappait le porc d’une note d’infamie, qui n’avait aucune raison d’être en Europe. Cette vieille antipathie, trace d’une origine orientale, paraissait puérile aux Grecs et aux Romains[2]. Une foule d’autres prescriptions venaient d’un temps où l’une des préoccupations des civilisateurs fut d’empêcher leurs subordonnés de manger des choses immondes, de toucher des charognes. L’hygiène du mariage, enfin, avait donné lieu pour les femmes à un code d’impuretés légales assez compliqué. Le propre de ces sortes de prescriptions est de survivre au temps où elles ont eu raison d’être, et de devenir à la longue aussi gênantes qu’elles ont pu être à l’origine bonnes et salutaires.

Une circonstance particulière donnait aux prescriptions sur les viandes beaucoup de gravité. Les viandes provenant des sacrifices faits aux dieux

  1. I Cor., x, 25 et suiv. ; Tac., Hist., V, 5.
  2. Philon., Leg. ad Caium, § 45 ; Strabon. XVI, ii, 37.