Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/164

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impossible ; les deux moitiés de l’Église de Jésus n’eussent pu communier l’une avec l’autre. Au point de vue théologique, la question était plus grave encore : il s’agissait de savoir si l’on était sauvé par les œuvres de la Loi ou par la grâce de Jésus-Christ.

Quelques membres de l’Église de Judée, étant venus à Antioche, sans mission, à ce qu’il paraît, du corps apostolique[1], provoquèrent le débat[2]. Ils déclarèrent hautement qu’on ne pouvait être sauvé sans la circoncision. Il faut se rappeler que les chrétiens, qui avaient à Antioche un nom et une individualité particulière, n’en avaient pas à Jérusalem ; ce qui n’empêchait pas que ce qui venait de Jérusalem n’eût dans toute l’Église beaucoup de force, car le centre de l’autorité était là. On fut fort ému. Paul et Barnabé résistèrent de la façon la plus énergique. Il y eut de longues disputes. Pour y mettre un terme, il fut décidé que Paul et Barnabé iraient à Jérusalem s’entendre avec les apôtres et les anciens sur ce sujet.

L’affaire avait pour Paul une importance personnelle. Son action jusque-là avait été presque abso-

  1. Act., xv, 24. Le soin avec lequel on insiste sur ce point prouve qu’au moins on les soupçonnait fort d’en avoir une.
  2. Act., xv, 1-2.