Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/240

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bonnes choses. Ces femmes grecques, de fine et forte race, éprouvent sur le retour de l’âge un changement qui les transforme. Elles deviennent pâles, leur œil s’égare légèrement ; couvrant alors d’un voile noir les bandeaux de cheveux plats qui encadrent leurs joues, elles se vouent aux soins austères ; elles y portent une vive et intelligente ardeur. La « servante » ou diaconesse grecque surpassa encore celle de Syrie et de Palestine en courage. Ces femmes, gardiennes des secrets de l’Église, couraient les plus grands dangers, supportaient tous les tourments plutôt que de rien divulguer[1]. Elles créèrent la dignité de leur sexe, justement parce qu’elles ne parlèrent pas de leurs droits ; elles firent plus que les hommes, en ayant l’air de se borner à les servir.

Un incident vint hâter le départ des missionnaires. La ville commençait à s’entretenir d’eux, et les imaginations travaillaient déjà sur les vertus merveilleuses qu’on leur attribuait, surtout pour les exorcismes. Un jour qu’ils se rendaient à l’endroit des prières, ils rencontrèrent une jeune esclave, probablement ventriloque[2], qui passait pour une pythonisse annonçant l’avenir. Ses maîtres tiraient beau-

  1. Pline, Epist., X, 97.
  2. Plutarque, De defectu orac., 9 ; Hesychius au mot Πύθων, Scoliaste d’Aristophane, ad Vesp., v. 1019.