Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/242

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de plus près à la cité romaine. La populace superstitieuse, excitée par les maîtres de la pythonisse, faisait en même temps une manifestation hostile aux apôtres. Ces sortes de petites émeutes étaient fréquentes dans les villes antiques ; les nouvellistes, les désœuvrés, les « piliers de l’agora », comme les appelait déjà Démosthènes, en vivaient[1]. Les duumvirs, croyant qu’il s’agissait de juifs ordinaires, sans information ni enquête sur la qualité des personnes[2], condamnèrent Paul et Silas à recevoir la bastonnade. Les licteurs arrachèrent aux apôtres leurs vêtements et les frappèrent cruellement devant le public[3]. On les traîna ensuite en prison[4] ; on les mit dans un des

  1. Voir les dictionnaires grecs au mot ἀγοραῖος.
  2. Act., xvi, 37.
  3. Act., xvi, 22-23, 37 ; I Thess., ii, 2 ; II Cor., xi, 25 ; Phil., i, 30.
  4. Le récit du témoin oculaire, tout à l’heure si net, s’embrouille ici par le désir qu’il a de trouver partout des miracles et des conversions de pécheurs ou de gens de profession infime s’opérant subitement par des coups de la grâce. Quoi de surprenant qu’un disciple de Paul crût que son maître faisait des miracles, quand Paul lui-même déclare en avoir fait ? Porphyre n’attribue-t-il pas des miracles à Plotin, son maître, avec lequel il avait vécu des années ? Les délivrances miraculeuses de prison étaient un des thèmes les plus ordinaires des miracles apostoliques : Act., v, xii. La préoccupation du geôlier se trouve même dans le récit du ch. xii, qui, du reste, comme celui que nous discutons en ce moment, vient presque d’un témoin oculaire.