Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/243

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cachots les plus reculés et on engagea leurs pieds dans les ceps.

Soit que la parole ne leur eût pas été accordée pour se défendre[1], soit qu’à dessein ils eussent recherché la gloire de souffrir des humiliations pour leur maître[2], ni Paul ni Silas ne s’étaient prévalus de leur titre de citoyens devant le tribunal[3]. Ce fut pendant la nuit, dans la prison, qu’ils déclarèrent leur qualité. Le geôlier fut fort ému ; jusque-là, il avait traité les deux juifs avec dureté ; maintenant, il se trouvait en présence de deux Romains, Paulus et Silvanus, indûment condamnés. Il lava leurs plaies et leur donna à manger. Il est probable que les duumvirs furent prévenus en même temps, car de grand matin ils envoyèrent les licteurs donner ordre au geôlier de relâcher les captifs. La loi Valeria et la loi Porcia étaient formelles ; l’application de la bastonnade à un citoyen romain constituait pour le magistrat un délit grave[4]. Paul, profitant de ses avantages, refusa de sortir ainsi en cachette ; il exigea, dit-on, que les duumvirs vinssent eux-mêmes

  1. Act., xvi, 37.
  2. Act., v, 41 ; II Cor., xi, 23 et suiv.
  3. Pour les doutes que cet épisode soulève, voir ci-dessous, p. 526-527, note.
  4. Cic., In Verrem, II, v, 62 et suiv.