Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/246

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halte, sous des platanes, près d’une source très-froide qui sort du sable, à deux pas de la mer, est un endroit délicieux. Les apôtres entrèrent ensuite dans l’Aulon d’Aréthuse, déchirure profonde, sorte de Bosphore taillé à pic, qui sert d’émissoire aux eaux des lacs intérieurs vers la mer[1] ; ils passèrent, probablement distraits, à côté du tombeau d’Euripide[2]. La beauté des arbres, la fraîcheur de l’air, la rapidité des eaux, la vigueur des fougères et des arbustes de toute sorte rappellent un site de la Grande Chartreuse ou du Grésivaudan, jeté au seuil d’une fournaise. Le bassin des lacs de la Mygdonie, en effet, est torride ; on dirait des surfaces de plomb fondu ; les couleuvres, nageant la tête hors de l’eau et cherchant l’ombre, y tracent seules quelques rides. Les troupeaux, vers midi, serrés au pied des arbres, semblent atterrés ; n’était le bourdonnement des insectes et le chant des oiseaux, qui seuls dans la création résistent à ces accablements, on se croirait au règne de la mort.

  1. Voir Cousinéry, Voy. en Mac., I, 116 et suiv. ; Clarke, Travels, IV, p. 381 et suiv. ; Leake, III, 170 et suiv., 461.
  2. Plutarque, Vie de Lycurgue, 31 ; Vitruve, VIII, iii, 16 ; Pline, H. N., XXXI, 19 ; Aulu-Gelle, XV, 20 ; Ammien Marcellin, XXVII, 4 ; Itin. de Bordeaux, p. 604 (Wesseling) ; Anthol. palat., VII, 51 ; Clarke, l. c.