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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/281

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tocratie des penseurs se souciait peu des besoins sociaux qui se faisaient jour sous le couvert de tant de cultes grossiers. Un tel divorce est toujours puni. Quand la philosophie déclare qu’elle ne s’occupe pas de religion, la religion lui répond en l’étouffant, et c’est justice, car la philosophie n’est quelque chose que si elle montre à l’humanité sa voie, si elle prend au sérieux le problème infini qui est le même pour tous.

L’esprit libéral qui régnait à Athènes assurait à Paul une pleine sécurité. Ni juifs ni païens ne tentèrent rien contre lui ; mais cette tolérance même était pire que la colère. Ailleurs, la doctrine nouvelle produisait une vive réaction, au moins dans la société juive ; ici, elle ne trouvait que des auditeurs curieux et blasés. Il paraît qu’un jour les auditeurs de Paul, voulant obtenir de lui une exposition en quelque sorte officielle de sa doctrine, le conduisirent à l’Aréopage, et, là, le sommèrent de dire quelle religion il prêchait. Certes, il est possible que ce soit ici une légende, et que la célébrité de l’Aréopage ait porté le narrateur des Actes, qui n’avait pas été témoin oculaire, à choisir cet auditoire illustre pour y faire prononcer à son héros un discours d’apparat, une harangue philosophique[1]. Cependant, cette hypothèse

  1. Voir ci-dessous, p. 526, 545.