Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/297

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si bien en harmonie avec nos sentiments, si voisine de ce que nous aimons.

La même différence se retrouve entre la piété de saint Bernard, de saint François d’Assise et celle des saints de l’Église grecque. Ces belles écoles de Cappadoce, de Syrie, d’Égypte, des Pères du désert, sont presque des écoles philosophiques. L’hagiographie populaire des Grecs est plus mythologique que celle des Latins. La plupart des saints qui figurent dans l’iconostase d’une maison grecque et devant lesquels brûle une lampe ne sont pas de grands fondateurs, de grands hommes, comme les saints de l’Occident ; ce sont souvent des êtres fantastiques, d’anciens dieux transfigurés, ou du moins des combinaisons de personnages historiques et de mythologie, comme saint Georges. Et cette admirable église de Sainte-Sophie ! c’est un temple arien ; le genre humain tout entier pourrait y faire sa prière. N’ayant pas eu de pape, d’inquisition, de scolastique, de moyen âge barbare, ayant toujours gardé un levain d’arianisme, la Grèce lâchera plus facilement qu’aucun autre pays le christianisme surnaturel, à peu près comme ces Athéniens d’autrefois étaient en même temps, grâce à une sorte de légèreté mille fois plus profonde que le sérieux de nos lourdes races, le plus superstitieux des peuples et le plus voisin du ratio-