Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/312

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Colère et de la Vie heureuse ; on lui prêta un des mots les plus spirituels du temps[1]. Il semble que ce fut sa haute culture hellénique qui le fit choisir, sous le lettré Claude, pour l’administration d’une province que tous les gouvernements un peu éclairés entouraient d’attentions délicates[2]. Sa santé l’obligea d’abandonner ce poste. Comme son frère, il eut l’honneur, sous Néron, d’expier par la mort sa distinction et son honnêteté[3].

Un tel homme devait être peu porté à accueillir les réclamations de fanatiques venant demander à la puissance civile, contre laquelle ils protestent en secret, de les débarrasser de leurs ennemis. Un jour, Sosthène, le nouveau chef de la synagogue, qui avait succédé à Crispus, amena Paul devant le tribunal, l’accusant de prêcher un culte contraire à la loi[4]. Le judaïsme, en effet, qui avait ses vieilles autorisations et toutes sortes de garanties, prétendait que la secte dissidente, dès qu’elle faisait schisme avec la synagogue, ne jouissait plus des chartes de la synagogue. La situation était celle qu’auraient devant la loi française les protestants libéraux le jour où ils

  1. Dion Cassius, LX, 35.
  2. Pline le Jeune, Épîtres, VIII, 24.
  3. Dion Cassius, LXII, 25 ; Eusèbe, Chron., l. c.
  4. Act., xviii, 12 et suiv.