Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/313

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se sépareraient du protestantisme reconnu. Paul allait répondre ; mais Gallion l’arrêta, et, s’adressant aux juifs : « S’il s’agissait de quelque crime ou de quelque méfait, dit-il, je vous écouterais comme il convient ; mais, s’il s’agit de vos disputes de doctrine, de vos querelles de mots, de controverses sur votre loi, voyez-y vous-mêmes. Je ne veux pas être juge en de pareilles matières[1]. » Admirable réponse, digne d’être proposée pour modèle aux gouvernements civils, quand on les invite à s’ingérer dans les questions religieuses ! Gallion, après l’avoir prononcée, donna ordre de chasser les deux parties. Il se fit un grand tumulte. Tout le monde comme à l’envi tomba sur Sosthène, et l’on se mit à le battre devant le tribunal ; on ne sait pas de quel côté venaient les coups[2]. Gallion s’en soucia peu, et fit évacuer la place. Le sage politique avait évité d’entrer dans une querelle de dogme ; l’homme bien élevé refusa de se mêler d’une querelle de gens grossiers, et, dès qu’il vit commencer les voies de fait, il renvoya tout le monde.

Certes, il eût été plus sage de ne pas se montrer si dédaigneux. Gallion fut bien inspiré en se

  1. Act., xviii, 14-15.
  2. Act., xviii, 17 ; les mots οἱ Ἕλληνες manquent dans les meilleurs manuscrits.