Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/315

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sans manières ; car les manières ne sont qu’affaire de forme, et ceux qui n’en ont pas se trouvent quelquefois avoir raison. L’homme de la société, avec ses dédains frivoles, passe presque toujours sans s’en apercevoir à côté de l’homme qui est en train de créer l’avenir : ils ne sont pas du même monde ; or l’erreur commune des gens de la société est de croire que le monde qu’ils voient est le monde entier.

Ces difficultés, du reste, n’étaient pas les seules que l’apôtre rencontrât. La mission de Corinthe fut traversée par des obstacles qu’il trouvait pour la première fois dans sa carrière apostolique, obstacles venant de l’intérieur de l’Église elle-même, d’hommes indociles qui s’y étaient introduits et qui lui résistaient, ou bien de juifs attirés vers Jésus, mais moins détachés que Paul des observances légales[1]. L’esprit faux du Grec dégénéré, qui, à partir du ive siècle, altéra si fort le christianisme, se faisait déjà sentir. L’apôtre se rappelait alors ses chères Églises de Macédoine, cette docilité sans bornes, cette pureté de mœurs, cette cordialité franche qui lui avait procuré, à Philippes, à Thes-

  1. II Thess., iii, 1-2. Comp. les deux épîtres aux Corinthiens. Voir ci-dessous, p. 371 et suiv.