Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/330

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

saient l’office de directeurs habiles et versés dans la connaissance du cœur[1]. Les pénitences publiques n’étaient pas encore réglées ; mais déjà sans doute elles existaient en germe[2]. Comme aucune force extérieure ne retenait les fidèles, ne les empêchait de se diviser ou d’abandonner l’Église, on pourrait croire qu’une telle organisation, qui nous semblerait insupportable, où nous ne verrions qu’un système organisé d’espionnage et de délation, aurait dû se détruire bien vite. Il n’en était rien. Nous ne voyons pas, au temps où nous sommes, un seul exemple d’apostasie[3]. Tous se soumettaient humblement à la sentence de l’Église. Celui dont la conduite était irrégulière, ou qui s’écartait de la tradition de l’apôtre, ou qui n’obéissait pas à ses lettres, était noté ; on l’évitait, on n’avait aucun rapport avec lui. On ne le traitait pas en ennemi, mais on l’avertissait comme un frère[4]. Cet isolement le couvrait de honte, et il revenait[5]. La gaieté, dans ces petits comités de bonnes gens

  1. I Thess., v, 14 ; Gal., v, 1 et suiv.
  2. Cf. le Pasteur d’Hermas, vis. ii ; mand. iv ; simil. vii, viii, x.
  3. Les épîtres à Timothée, qui en offrent, sont des pièces supposées et de date postérieure.
  4. Comparez la nezifa ou admonition en synagogue, chez les juifs.
  5. II Thess., iii, 6, 14-15 ; Gal., vi, 1 ; I Cor., v, 13 ; II Cor., ii, 6 et suiv.