Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/331

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vivant ensemble, toujours éveillés, occupés, passionnés, aimant et haïssant beaucoup, la gaieté, dis-je, était très-grande[1]. Vraiment la parole de Jésus était accomplie : le règne des doux et des simples était venu et se manifestait par une immense béatitude qui débordait de tous les cœurs.

On était plein d’horreur pour le paganisme[2], mais très-tolérant dans les formes pour les païens[3]. Loin de les fuir, on cherchait à les attirer et à les gagner[4]. Beaucoup de fidèles avaient été idolâtres ou avaient des parents idolâtres ; ils savaient avec quelle bonne foi on peut être dans l’erreur. Ils se rappelaient leurs honnêtes ancêtres morts sans avoir connu la vérité qui sauve. Une pratique touchante, le baptême pour les morts, fut la conséquence de ce sentiment : on crut qu’en se faisant baptiser pour ceux de ses ascendants qui n’avaient pas reçu l’eau sainte, on leur conférait les mérites du sacrement[5] ; on se

  1. I Thess., v, 16 ; Phil., ii, 1, 18 ; iii, 1 ; iv, 4.
  2. Rom., i, 18 et suiv. ; Ephes., iv, 17-19 ; v, 12 ; I Petri, iv, 3.
  3. Comp. Mischna, Gittin, v, 9, et les deux Gémares sur ce passage.
  4. II Cor., vi, 14-vii, 1, exprime une pensée contraire. Mais ce passage, sans lien avec ce qui précède et ce qui suit, excite des soupçons. Ce pouvait être là, d’ailleurs, un précepte approprié à la situation particulière des Corinthiens.
  5. I Cor., xv, 29 ; Tertullien, De resurr. carnis, 48 ; Adv.