Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/332

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permettait ainsi l’espoir de ne pas être séparé de ceux qu’on avait aimés. Une profonde idée de solidarité dominait tout le monde : le fils était sauvé par ses parents, le père par le fils, le mari par sa femme[1]. On ne pouvait se résigner à damner un homme de bonne volonté ou qui par un côté quelconque tenait aux saints.

Les mœurs étaient sévères[2], mais non tristes. Cette ennuyeuse vertu, que les rigoristes des temps modernes (jansénistes, méthodistes, etc.) prêchent comme la vertu chrétienne, n’était nullement celle d’alors. Les relations entre les hommes et les femmes, loin d’être interdites, étaient multipliées[3]. Une des railleries des païens était de présenter les chrétiens comme des efféminés, désertant la société commune pour des conciliabules de jeunes filles, de vieilles femmes et d’enfants[4]. Les nudités païennes

    Marc., V, 10 ; Épiph., hær. xxviii, 7 ; Jean Chrys., in I Cor., xv, 29. Comparez, pour la pratique analogue des mormons, Remy, Voy. au pays des mormons, p. 37 et suiv.

  1. I Cor., vii, 14. Comparez Actes de sainte Perpétue, 2e vision.
  2. I Thess., iv, 1-8. Cf. le Pasteur d’Hermas, mand. iv.
  3. Voir, par exemple, le Pasteur d’Hermas, vis. i et ii ; simil. ix, 2. Comp. Eusèbe, H. E., VII, 30.
  4. Tatien, Adv. Gr., 33 ; Minutius Félix, Oct., 8, 9 : Orig., Contre Celse, III, § 55 ; Cyrille, Adv. Jul., VII, p. 229 (Paris, 1638). Cf. de Rossi, Bull., 1864, p. 72.