Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/334

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femmes[1]. La virginité était regardée comme un état de sainteté[2]. Cette préférence accordée au célibat n’était point une négation de l’amour et de la beauté, comme cela eut lieu dans le sec et inintelligent ascétisme des derniers siècles. C’était, chez la femme, ce sentiment juste et vrai que la vertu et la beauté valent d’autant plus qu’elles sont plus cachées, si bien que celle qui n’a pas trouvé cette perle rare du grand amour garde, par une sorte de fierté et de réserve, sa beauté et sa perfection morale pour Dieu seul, pour Dieu conçu comme jaloux, comme le copartageant des intimes secrets. Les secondes noces, sans être défendues, étaient regardées comme une imperfection[3]. Le sentiment populaire du siècle allait dans ce sens. La belle et touchante expression de σύμϐιος devenait le mot ordinaire pour « époux[4] ». Les mots de Virginius, Virginia, Παρθενικός, indiquant des époux qui n’ont pas eu d’autre alliance[5], deve-

  1. Endroits cités de Tatien, d’Origène et de saint Cyrille. Cf. le Pasteur d’Hermas, vis. ii, 4.
  2. I Cor., vii, 1 et suiv. ; Justin, Apol. I, 15 ; Athénagore, Leg., 33 ; Tertullien, Apol., 9 ; Orig., Contre Celse, I, § 26. Voir toute la légende de Thécla. Comparez les ἱεραὶ παρθένοι de l’antiquité.
  3. I Tim., iii, 2, 12 ; Athenag., Leg., 33.
  4. Cf. Notices et extraits, XVIII, 2e partie, p. 422, 425.
  5. Voir les inscriptions : par exemple, Garrucci, Cimitero degli