Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/349

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Oremus, ou par un soupir vers le ciel : Sursum corda ! ou en rappelant que Jésus, selon sa promesse, était au milieu de l’assemblée : Dominus vobiscum[1]. Le cri Kyrie eleïson était aussi répété fréquemment sur un rhythme suppliant et plaintif[2].

La prophétie était un don hautement prisé[3] ; quelques femmes en étaient douées[4]. Dans beaucoup de cas, surtout quand il s’agissait de glossolalie, on hésitait ; on craignait même parfois d’être dupes d’une supercherie des esprits mauvais. Une classe particulière d’inspirés, ou, comme on disait, de « spirituels[5] », était chargée d’interpréter ces éructations bizarres, de leur trouver un sens, de discerner les esprits dont ils provenaient[6]. Ces phénomènes avaient une grande efficacité pour la conversion des païens, et étaient considérés comme les miracles les plus démonstratifs[7]. Les païens, en effet, au moins ceux

  1. Messe latine.
  2. Ce cri était en usage chez les païens. Arrien, Epict. Dissert., II, 7.
  3. I Cor., xiv, 1 et suiv. ; Justin, Dial. cum Tryph., 39, 82 ; Eusèbe, H. E., V, 17. Cf. Corp. inscr. gr., no 6406.
  4. Act., xxi, 9 ; Eusèbe, l. c. ; Maffei, Mus. Veron., p. 179.
  5. Πνευματικοί.
  6. I Cor., xii, 3, 10, 28, 30 ; xiv, 5 et suiv.
  7. I Cor., xiv, 22. Πνεῦμα est souvent rapproché de δύναμις. I Cor., ii, 4-5 ; Rom., xv, 19.