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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/357

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On était conduit par une sorte de logique à distinguer le repas fraternel en commun de l’acte mystique, lequel consistait seulement dans la fraction du pain[1]. La fraction du pain devenait chaque jour plus sacramentelle ; le repas, au contraire, à mesure que l’Église s’élargissait, devenait plus profane[2]. Tantôt le repas se réduisit à presque rien et, en se réduisant de la sorte, laissa toute l’importance à l’acte sacramentel[3]. Tantôt les deux choses subsistèrent en se scindant : le repas fut un prélude ou une suite de l’eucharistie ; on dîna ensemble, avant ou après la communion[4]. Puis les deux cérémonies se séparèrent tout à fait ; les repas pieux furent des actes de charité envers les pauvres, parfois des restes d’usages païens, et n’eurent plus de lien avec l’eucharistie[5]. Comme tels, ils furent en général supprimés

  1. Voir saint Jean Chrys., In I Cor., xi, homil. xxvii, et la fresque du cimetière de Saint-Calliste, dans Pitra, Spic. Sol., III, tab. i, fig. 2.
  2. Cf Clém. Alex., Pædag., II, 1.
  3. C’est ce que veut saint Paul : I Cor., xi, 18 et suiv. Cf. Justin, Apol. I, 65, 67.
  4. Troisième concile de Carthage, canons 24, 29, 30 ; saint Augustin, Epist. liv, ad Jan. ; saint Jean Chrys., endroit cité ; Théophylacte et Théodoret, In I Cor., xi.
  5. Tertullien, Apolog., 39 ; le même, De jejun., 17 ; Constit. apost., II, 28, 57 ; III, 10 ; V, 19 ; Concile de Gangres, canon 11 ; etc.