Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/382

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du chef des Douze et du seul qui eût le droit d’authentiquer une mission, partirent de Jérusalem. Leur prétention était qu’on ne pouvait se donner pour docteur du Christ, si on n’avait été à Jérusalem conférer sa doctrine avec celle de Jacques, frère du Seigneur[1], et si l’on n’apportait une attestation de ce dernier. Jérusalem était, selon eux, la source de toute foi, de tout mandat apostolique : les vrais apôtres résidaient là[2]. Quiconque prêchait sans lettre de créance du chef de l’Église mère, et sans lui avoir juré obédience, devait être repoussé comme un faux prophète et un faux apôtre, comme un envoyé du démon[3]. Paul, qui n’avait pas de pareilles lettres, était un intrus, se targuant de révélations personnelles sans réalité et d’une mission dont il ne pouvait produire les titres[4]. Il alléguait ses visions, soutenant même

    12, 18 ; xii, 11. Rapprochez τινὲς ἀπὸ Ἰακώϐου ;… χρῄζομεν ὥς τινες συστατικῶν ἐπιστολῶν ;… τῶν ὑπερλίαν ἀποστόλων.

  1. Comp. Gal., ii, 2.
  2. Comp. Apoc, ii, 2 ; xxi, 14.
  3. Récognitions pseudo-clém., IV, 34-35 ; comp. Homél., xi, 35, et l’attestation de Jacques (en tête des Hom.), 1 et 2. Cf. Act., xv, 22 et suiv., où l’auteur admet le principe de l’ἐπιστόλη συστατική, et en fait bénéficier son parti. Cf. Const. apost., II, 58.
  4. II Cor., xi-xii ; Apoc., ii, 2. Dans une rédaction des Acta Petri et Pauli, publiée par Thilo (Halle, 1837 et 1838), où la teinte ébionite est sensible encore, Pierre est informé par les évêques de la doctrine de Paul, et, reconnaissant que ce der-