Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/383

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que le fait d’avoir vu Jésus d’une façon surnaturelle valait mieux que le fait de l’avoir connu personnellement. « Quoi de plus chimérique ? disaient les Hiérosolymites. Aucune vision n’atteint l’évidence des sens : les visions ne donnent pas la certitude ; le spectre qu’on voit peut être un malin esprit ; les idolâtres ont des visions tout comme les saints. Quand on interroge l’apparition, on se répond tout ce qu’on veut ; le spectre brille un instant, disparaît vite ; on n’a pas le temps de l’interroger à loisir. La pensée du rêveur ne lui appartient pas ; dans cet état-là, on n’a nulle présence d’esprit. Voir le Fils hors de sa chair ! mais cela est impossible ; on en mourrait. L’éclat surhumain de cette lumière tuerait. Même un ange, pour se rendre visible, est obligé de revêtir un corps ! »

Les émissaires citaient à ce propos une foule de visions qu’avaient eues des infidèles, des impies, et en concluaient que les apôtres-colonnes, ceux qui avaient vu Jésus, avaient une immense supériorité. Ils alléguaient même des textes de l’Écriture[1], prouvant que les visions venaient d’un Dieu irrité, tandis que le

    nier a cessé d’être ennemi de la Loi, il lui donne son approbation (cf. Baur, Paulus, I, 260-261, 2e édit.). Dans la rédaction publiée par Tischendorf, § 60 (Acta Ap. apocr.), cette nuance est effacée.

  1. Exode, xxxiii, 11 et suiv. ; Nombres, xii, 6.