Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/384

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commerce face à face était le privilège des amis. « Comment Paul peut-il soutenir que, par un entretien d’une heure, Jésus l’a rendu capable d’enseigner ? Il a fallu à Jésus une année entière de leçons pour former ses apôtres. Et, si Jésus lui est vraiment apparu, comment se fait-il qu’il enseigne le contraire de la doctrine de Jésus ? Qu’il prouve la réalité de l’entretien qu’il a eu avec Jésus en se conformant aux préceptes de Jésus, en aimant ses apôtres, en ne déclarant pas la guerre à ceux que Jésus a choisis. S’il veut servir la vérité, qu’il se fasse le disciple des disciples de Jésus, et alors il pourra être un auxiliaire utile[1]. »

La question de l’autorité ecclésiastique et de la révélation individuelle, du catholicisme et du protestantisme se posait ainsi avec une véritable grandeur. Jésus n’avait rien décidé bien nettement à cet égard. Tant qu’il vécut et dans les premières années qui suivirent sa mort, Jésus fut si uniquement l’âme et la vie de sa petite Église, qu’aucune idée de gouvernement ni de constitution ne se présenta. Maintenant, au contraire, il s’agissait de savoir s’il y avait un pouvoir représentant Jésus ou si la conscience chrétienne restait libre, si pour prêcher Jésus il fallait des lettres

  1. Homélies pseudo-clém., xvii, 13-20.