Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/385

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d’obédience ou si l’affirmation qu’on était éclairé de Jésus suffisait. Comme Paul ne donnait de sa mission immédiate d’autre preuve que son affirmation, sa situation à beaucoup d’égards était faible. Nous verrons par quels prodiges d’éloquence et d’activité le grand novateur, attaqué de toutes parts, fera face à toutes les attaques et maintiendra son droit, sans rompre absolument avec le collège apostolique, dont il reconnaissait l’autorité chaque fois que sa liberté n’en était pas gênée. Mais cette lutte même nous le rendra peu aimable. Un homme qui dispute, résiste, parle de lui-même, un homme qui maintient son opinion et sa prérogative, qui fait de la peine aux autres, qui les apostrophe en face, un tel homme nous est antipathique ; Jésus, en pareil cas, cédait tout et se tirait d’embarras par quelque mot charmant.

Les émissaires de Jacques arrivèrent à Antioche[1]. Jacques, tout en accordant que les gentils convertis pouvaient se sauver sans observer la loi de Moïse, n’admettait nullement qu’un vrai juif, un juif circoncis, pût sans crime violer la loi. Le scandale des disciples de Jacques fut au comble, quand ils virent le chef des Églises de la circoncision agir en vrai païen et déchirer ces pactes extérieurs qu’un juif

  1. Gal., ii, 11 et suiv.