Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/390

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l’enthousiasme religieux sont loin de supprimer les faiblesses humaines. En quittant Antioche, les agents du parti hiérosolymite jurèrent de bouleverser les fondations de Paul, de détruire ses Églises, de renverser ce qu’il avait édifié avec tant de labeurs[1]. Il semble qu’à cette occasion de nouvelles lettres furent expédiées de Jérusalem, au nom des apôtres. Il se peut même qu’un exemplaire de ces lettres haineuses nous ait été conservé dans l’Épître de Jude, frère de Jacques, et comme lui « frère du Seigneur », qui fait partie du canon. C’est un factum des plus violents contre des adversaires innomés, qui sont présentés comme des rebelles et des gens impurs[2]. Le style de ce morceau, qui se rapproche beaucoup plus du grec

    cependant (dans Eus., H. E., III, 32 ; IV, 22) le système d’Hégésippe sur l’Église vierge, non souillée avant la mort de Jacques par des ἀκοαῖς ματαίαις. Il est vrai qu’il apporte lui-même, par εἰ καί τινες ὑπῆρχον, une restriction où saint Paul peut être compris. — Saint Justin même paraît avoir été peu favorable au grand apôtre. Il ne le nomme pas, et attribue aux Douze l’évangélisation des gentils. En un endroit (Dial. cum Tryph., 35 ; comp. I Cor., viii, x), il contredit directement l’apôtre. — Polycrate d’Éphèse ne cite pas non plus saint Paul. Dans la controverse de la Pâque, la seule autorité apostolique alléguée est celle de saint Jean.

  1. Voir l’épître aux Galates tout entière.
  2. Jud., 4, 7, 8, 10, 23. Remarquez le reproche de πορνεία ; c’est celui qui est toujours adressé à la doctrine de Paul. Comp. Jud., 7, et Apoc., ii, 14, 20.