Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/406

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prendre conseil de personne[1], sans aller à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, je me rendis en Arabie, puis je retournai à Damas. Trois ans après, il est vrai, j’allai à Jérusalem, pour faire connaissance avec Céphas, et je restai quinze jours auprès de lui ; mais je ne vis aucun autre membre du corps apostolique, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur. Ce que je vous écris, je jure devant Dieu que c’est vrai.

« J’allai ensuite dans les parages de la Syrie et de la Cilicie ; mais mon visage était inconnu aux Églises de Christ qui sont en Judée. Seulement, elles avaient entendu dire que celui qui les persécutait autrefois prêchait maintenant la foi qu’il avait d’abord voulu détruire, et elles glorifiaient Dieu à mon propos.

« Puis, au bout de quatorze ans, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé ; je pris aussi Titus avec moi. J’y montai sur une révélation, et je leur communiquai l’Évangile que je prêche parmi les gentils. J’eus en particulier des entrevues avec ceux qui paraissaient des personnages importants, de peur que mes courses présentes et passées ne fussent peine perdue. On ne nous fit pas une seule critique. On n’exigea pas même de Titus, qui m’accompagnait et qui était hellène, qu’il se fît circoncire. S’il y consentit, ce fut par égard pour ces faux frères intrus, qui se sont glissés parmi nous pour espionner la liberté que nous avons grâce au Christ Jésus, et pour nous réduire de nouveau en servitude. Je leur cédai sur le moment ; mais je ne me soumis pas à eux, afin que la vérité de l’Évangile vous demeurât

  1. Pour la nuance de σαρκὶ καὶ αἵματι, comp. Matth., xvi, 17.