Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/479

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posé le fondement comme un savant architecte, un autre bâtit dessus ; rien de mieux ; seulement, que chacun regarde bien comment il bâtit. Personne, en effet, ne peut poser un autre fondement que celui qui est déjà placé, lequel est Jésus-Christ… Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?… Il ne faut pas s’y tromper : si quelqu’un parmi vous paraît être sage aux yeux du siècle, qu’il devienne fou pour redevenir réellement sage ; car la sagesse du monde est folie devant Dieu. N’est-il pas écrit : « Il prend les sages dans leurs finesses[1] », et encore : « Le Seigneur connaît les pensées des sages, et sait qu’elles sont vaines[2] » ? Que personne donc ne cherche sa gloire dans les hommes[3]. Tout est à vous, Paul, Apollos, Céphas, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir. Tout est à vous, dis-je ; vous, vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.

« Nous sommes les ministres de Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu… Pour moi, il m’importe peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain ; je m’interdis de me juger moi-même… Mon vrai juge, c’est le Seigneur… Attendez que le Seigneur vienne jeter la lumière sur les choses cachées dans l’ombre et mettre en plein jour les volontés des cœurs ; alors, chacun obtiendra de Dieu la louange qu’il mérite.

« Si j’ai fait l’application de ces principes, frères, à moi et à Apollos, c’est pour que vous appreniez la vérité du pro-

  1. Job, v, 13.
  2. Psalm., xciv, 11.
  3. C’est-à-dire dans tel ou tel maître, Paul, Apollos, etc.