Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/480

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verbe : « N’en faites pas plus que ne commande l’Écriture[1] », et que vous cessiez de vous enfler les uns contre les autres pour des tiers… Vraiment, on dirait que vous n’avez plus besoin de rien, que vous êtes assez riches de votre propre fonds, que vous avez atteint sans nous[2] le royaume du ciel. Plût à Dieu ! J’espère au moins que vous nous permettriez d’y entrer avec vous. Pour moi, j’ai toujours pensé qu’en effet Dieu a fait de nous autres apôtres les derniers des hommes, des malheureux qu’on réserve pour la mort, offerts en spectacle, comme dans un amphithéâtre, au monde, aux anges et aux hommes. Nous sommes des fous pour Christ, vous êtes des sages en Christ ; nous sommes faibles, vous êtes forts ; vous êtes glorieux, nous sommes obscurs. Jusqu’à cette heure, notre vie s’est passée à avoir faim et soif, à souffrir la nudité, à être souffletés, à errer çà et là, à travailler sans relâche de nos mains. Maudits, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; injuriés, nous redoublons de politesse. Nous sommes les balayures du monde, le rebut de tous, jusqu’à cette heure !

« Je ne vous écris pas ceci pour vous faire honte, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. Vous pourrez trouver dix mille pédagogues en Christ, mais vous ne trouverez pas beaucoup de pères ; car je vous ai engendrés en Christ par l’Évangile. Je vous en prie donc, soyez mes

  1. Proverbe analogue à notre « plus royaliste que le roi ». Paul fait allusion à ceux qui étaient plus passionnés pour Paul et Apollos que Paul et Apollos eux-mêmes.
  2. Sans le secours de Paul et d’Apollos.