Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/486

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monde allait finir[1]. Dans l’état de crise où l’on était, la grossesse, la nourriture des enfants paraissaient des anomalies[2]. On se mariait peu dans la secte[3], et une des conséquences les plus fâcheuses pour ceux qui s’y affiliaient était l’impossibilité d’établir leurs filles. Beaucoup murmuraient, trouvant cela messéant et contraire aux usages[4]. Pour empêcher de plus grands maux[5], et par égard pour les pères de famille qui avaient sur les bras des filles âgées[6], Paul permet le mariage. Mais il ne cache pas le dédain et le dégoût qu’il a pour cet état, qu’il trouve désagréable, plein de trouble, humiliant.

« Le temps est court, dit-il ; ce qui reste à faire, c’est que ceux qui ont des épouses soient comme n’en ayant pas, ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas, ceux qui usent de ce monde comme n’en usant pas ; car la figure de ce monde passe. Je veux que vous n’ayez pas de soucis. L’homme non marié a pour souci

  1. I Cor., vii, 26.
  2. Matth., xxiv, 19 ; Marc, xiii, 17 ; Luc, xxi, 23 ; cri de Jésus, fils de Hanan, dans Jos., B. J., VI, v, 3.
  3. Sur vingt-six personnes nommées Rom., xvi, 3-16, sont mentionnés tout au plus trois couples de mariés.
  4. I Cor., vii, 36.
  5. I Cor., vii, 9.
  6. I Cor., vii, 37-38.