Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/499

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tais enfant, je parlais comme un enfant, je sentais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; mais, depuis que je suis devenu homme, j’ai laissé là les façons de l’enfant. Maintenant, nous voyons à travers un miroir et en images ; alors, nous verrons face à face. Maintenant, je connais d’une manière partielle ; alors, je connaîtrai [Dieu] comme je suis connu [de lui]. En somme, il y a trois grandes choses : foi, espérance, amour ; mais la plus grande des trois est l’amour. »

Versé dans la psychologie expérimentale, Paul eût été un peu plus loin ; il eût dit : « Frères, laissez là les illusions. Ces bégaiements inarticulés, ces extases, ces miracles, sont les rêves de votre enfance. Ce qui n’est pas chimère, ce qui est éternel, c’est ce que je viens à l’instant de vous prêcher. » Mais alors il n’eût pas été de son temps ; il n’eût pas fait ce qu’il a fait. N’est-ce pas déjà beaucoup d’avoir indiqué cette distinction capitale des vérités religieuses éternelles, qui ne tombent pas[1], et de celles qui tombent comme les imaginations du premier âge ? N’est-ce pas avoir assez fait pour l’immortalité que d’avoir écrit cette parole : « La lettre tue, l’esprit vivifie[2] » ? Malheur à celui qui s’arrêterait à la surface, et qui, pour deux ou trois dons chiméri-

  1. Οὐδέποτε ἐκπίπτει
  2. II Cor., iii, 6.