Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/561

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tesse, une continuelle peine de cœur de songer à cette race noble, élevée si haut en gloire, qui eut le privilège de l’adoption, de l’alliance, de la Loi, du vrai culte, des promesses, qui a eu les patriarches, dont le Christ est sorti selon la chair. Mais Dieu n’a pas manqué à ses promesses. Pour être issu d’Israël, on n’est pas vrai Israélite ; on est héritier des promesses par le choix et la vocation de Dieu, non par le fait de la naissance. Il n’y a en cela rien d’injuste. Le salut est le résultat, non des efforts humains, mais de la miséricorde de Dieu. Dieu est bien libre d’avoir pitié de qui il veut, et d’endurcir qui il veut. Qui oserait demander raison à Dieu de ses préférences ? Est-ce que le vase d’argile dit au potier : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Est-ce que le potier n’a pas le droit, avec la même masse de terre, de faire deux vases, l’un pour des usages honorables, l’autre pour des usages ignobles ? S’il plaît à Dieu de préparer tel homme pour montrer sa puissance en le brisant, comme il fit pour Pharaon[1], il en est bien le maître, d’autant plus que cela fait ressortir sa miséricorde envers ceux qu’il a préparés et appelés pour la gloire. Or, cette élection, il la fait sans s’arrêter à aucune considération de race ni de sang[2].

  1. Exode, ix, 16.
  2. Rom., ix, 1-29.