Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/578

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prévenir les offenses, puisque nul ne viole un précepte par lequel il ne se croit pas obligé.

Le grand tourment des âmes délicates est le scrupule ; qui les en soulage est sur elles tout-puissant. Une des habitudes les plus ordinaires de la dévotion des sectes piétistes en Angleterre est de concevoir Jésus comme celui qui décharge la conscience, rassure le coupable, calme l’âme pécheresse, délivre de la pensée du mal[1]. Accablé sous le sentiment du péché et de la condamnation, Paul de même ne trouve la paix qu’en Jésus. Tous sont pécheurs, tous jusqu’au dernier, tous le sont à cause de leur descendance d’Adam[2]. Le judaïsme, par ses sacrifices pour le péché, avait établi l’idée de comptes en quelque sorte ouverts entre l’homme et Dieu, de rémission et de dettes ; idée assez fausse, car le péché ne se remet pas, il se répare ; un crime commis durera jusqu’à la fin des temps ; seulement, la conscience qui l’a commis peut se redresser et produire des actes tout contraires. Le pouvoir de remettre les péchés était un de ceux qu’on croyait avoir été conférés par Jésus à ses disciples. L’Église n’en eut pas de plus précieux. Avoir commis un

  1. Élisabeth Wetherell. Cf. Matth., xi, 28.
  2. Voir l’expression juive du même sentiment dans le IVe livre d’Esdras, iii, 21-22 ; iv, 30 ; vii, 46 et suiv. ; viii, 35 et suiv.