Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/579

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crime, avoir la conscience bourrelée, fut un motif pour se faire chrétien. « Voici une loi qui va vous délivrer de péchés dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse[1], » quoi de plus tentant pour le juif ? Une des raisons qui fixèrent, dit-on, Constantin dans le christianisme fut la croyance que les chrétiens seuls avaient des expiations pour tranquilliser l’âme d’un père qui avait tué son fils[2]. Le miséricordieux Jésus, pardonnant à tous, accordant même une sorte de préférence à ceux qui ont péché, apparut dans ce monde troublé comme le grand pacificateur des âmes[3]. On se prit à se dire qu’il était bon d’avoir péché, que toute rémission était gratuite, que la foi seule justifiait[4].

Une particularité des langues sémitiques explique un tel malentendu et excuse cette psychologie morale incomplète. La forme hiphil signifie à la fois l’effectif et le déclaratif, si bien que hasdik veut dire également « rendre juste » et « déclarer

  1. Act., xiii, 38-39.
  2. Zosime, II, 29 ; Sozomène, I, 5.
  3. Cela est surtout sensible dans les écrits de Luc. On y voit un parti pris de montrer la conversion du cœur s’opérant en dehors des œuvres légales et morales. En cela, Luc est bien disciple de Paul.
  4. Act., xiii, 39.