Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/580

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juste », remettre à quelqu’un une faute qu’il a commise et déclarer qu’il ne l’a pas commise. Le « justifié » est, d’après, cet idiotisme, non-seulement celui qui est absous d’une faute, mais celui qui est tranquillisé à ses propres yeux, qui n’a plus à s’occuper des péchés qu’il peut avoir commis, des préceptes qu’il peut avoir violés à son insu.

Quand Paul expédia sa terrible épître, il avait à peu près fixé le jour de son départ[1]. Les plus graves inquiétudes l’assiégeaient[2] ; il avait le pressentiment d’accidents graves, et il s’appliquait souvent ces vers d’un psaume[3] : « Pour toi nous supportons la mort tous les jours, nous sommes tenus pour des brebis destinées à la boucherie[4] ». Des renseignements très-précis, et qui ne se vérifièrent que trop, lui représentaient les dangers qu’il allait courir de la part des Juifs de Judée[5]. Il n’était même pas rassuré sur les dispositions de l’Église de Jérusalem. Il avait trouvé tant de fois cette Église dominée par des préjugés mesquins qu’il craignait une mauvaise réception, laquelle, vu le nombre des croyants encore

  1. Rom., xv, 25.
  2. Act., xx, 22-23.
  3. Ps. xliv (Vulg. xliii), 23.
  4. Rom., viii, 35-37.
  5. Rom., xv, 30-31.