Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/607

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

là les nouveautés qui scandalisent, et sanctifiez-vous avec nous. »

Que fera Paul placé entre son grand principe de l’inutilité des œuvres et l’immense intérêt qu’il y avait à ne pas rompre avec l’Église de Jérusalem ? Sa position dut être cruelle. Se soumettre à une pratique qu’il tenait pour inutile et presque pour injurieuse à Jésus, puisqu’elle pouvait laisser croire que le salut s’obtient par autre chose que les mérites du Christ, c’était se mettre en contradiction flagrante avec la doctrine qu’il avait partout prêchée, et que, dans sa grande épître circulaire en particulier, il avait développée avec une force sans pareille. Pourquoi, d’ailleurs, lui demande-t-on de remettre en vigueur un rite arriéré, dénué de toute efficacité, et qui est presque une négation du dogme nouveau ? Pour bien montrer qu’il est juif, pour réfuter d’une façon péremptoire le bruit répandu qu’il avait cessé d’être juif, qu’il n’admettait plus la Loi ni les traditions. Or, bien sûrement, il ne les admettait plus. Conniver à ce malentendu, n’était-ce pas une infidélité envers Christ ? Tout cela dut arrêter Paul et l’agiter profondément. Mais un principe supérieur, qui domina sa vie, lui fit vaincre ses répugnances. Au-dessus des opinions et des sentiments particuliers, Paul plaçait la charité. Christ nous a délivrés de toute loi : mais, si, en profitant de