Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/642

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coque du navire avec des câbles[1], on plia les vergues, et on s’abandonna au vent. Le second jour, la tempête était toujours aussi forte ; on voulut alléger le navire ; on jeta par-dessus bord tout le chargement. Le troisième jour, on se débarrassa des meubles et ustensiles qui n’étaient pas nécessaires à la manœuvre. Les jours suivants furent affreux ; on ne vit pas un moment le soleil ; on n’aperçut pas une seule étoile ; on ne savait où l’on allait. Ailleurs semée d’îles, la Méditerranée présente entre la Sicile et Malte à l’ouest, le Péloponèse et la Crète à l’est, l’Italie méridionale et l’Épire au nord, la côte d’Afrique au sud, un grand carré de mer libre, où le vent se déchaîne sans obstacle et roule d’énormes tas de mer. C’était là ce que les anciens appelaient souvent l’Adriatique[2]. L’opinion générale des gens du bord était que le navire courait sur les Syrtes de l’Afrique, où la perte des corps et des biens était certaine. Tout espoir semblait interdit ; nul ne songeait à prendre de la nourriture ; il eût été d’ailleurs im-

  1. Cf. Thucydide, I, xxix, 8, et les dictionnaires grecs au mot ὑπόζωμα. Cf. Conybeare et Howson, II, 311 et suiv.
  2. Act., xxvii, 27 ; Jos., Vita, 3 ; Hor., Od., I, iii, 15 ; Ovide, Fastes, IV, 501 ; Tristes, I, xi, 4 ; Ptolémée, Géogr., III, xv, 2 ; VIII, ix, 2 ; xii, 2 ; Pausanias, V, xxv, 3 ; Procope, Bell. Vand., I, 14 ; De ædif., IV, 1.