Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/77

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écoulé que quelques mois entre la rédaction de la première épître aux Corinthiens et la rédaction de l’épître aux Romains. Or, quand saint Paul écrivait la première aux Corinthiens, Aquila et Priscille étaient à Éphèse[1]. Dans l’intervalle, ce couple apostolique a pu, dira-t-on, être parti pour Rome. Cela serait bien singulier. Aquila et Priscille étaient partis une première fois de Rome, chassés par un édit ; nous les trouvons ensuite à Corinthe, puis à Éphèse ; les ramener à Rome sans que leur sentence d’expulsion eût été rapportée, juste le lendemain du jour où Paul vient de leur dire adieu à Éphèse, c’est leur prêter une vie par trop nomade ; c’est accumuler les invraisemblances. Ajoutons que l’auteur de la deuxième épître apocryphe de Paul à Timothée suppose Aquila et Priscille à Éphèse[2], ce qui prouve que la tradition les fixait là. Le petit Mar-

  1. I Cor., xvi, 19.
  2. iv, 19. Éphèse est toujours le point de mire de l’auteur des épîtres à Timothée, bien qu’à cet égard aussi il se montre inconséquent. Les théologiens orthodoxes, qui entendent d’une façon plane Rom., xvi, 3, et II Tim., iv, 19, sont obligés de faire voyager Aquila et Priscille de Rome à Corinthe et Éphèse (Act., xviii, 2, 18, 19, 26), d’Éphèse à Rome (Rom., l. c.), de Rome à Éphèse (II Tim., l. c.). Il semble même qu’on voudrait se réserver du jour pour les faire revenir une seconde fois d’Éphèse à Rome. De Rossi, Bull. di arch. crist., 1867, p, 44 et suiv.