Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/94

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chirées du mont Coryphée ; derrière lui, dans les nuages, les neiges du Taurus et la côte de Cilicie, qui ferme le golfe d’Issus. L’heure était solennelle. Bien que sorti depuis plusieurs années du pays qui fut son berceau, le christianisme n’avait pas encore franchi les limites de la Syrie. Or, les Juifs considéraient la Syrie tout entière jusqu’à l’Amanus comme faisant partie de la terre sainte, comme participant à ses prérogatives, à ses rites et à ses devoirs[1]. Voici donc le moment où le christianisme quitte réellement sa terre natale et se lance dans le vaste monde.

Paul avait déjà beaucoup voyagé pour répandre le nom de Jésus. Il y avait sept ans qu’il était chrétien, et pas un jour son ardente conviction ne s’était endormie. Son départ d’Antioche avec Barnabé marqua cependant un changement décisif dans sa carrière. Alors commença pour lui cette vie apostolique où il déploya une activité sans égale et un degré inouï d’ardeur et de passion. Les voyages étaient alors fort difficiles, quand on ne les faisait pas par mer ; les routes carrossables et les véhicules

  1. Mischna, Schebiit, vi, 1 ; Challah, iv, 8 ; Tosiphta Challah, ch. 2 ; Talm. de Jér., Schebiit, vi, 2 ; Talm. de Bab., Gittin, 8 a ; Targum de Jérusalem, Nombres, xxxiv, 8 ; saint Jérôme, Epist. ad Dardanum (Martianay, II, 609). Cf. Neubauer, la Géogr. du Talmud, p. 5 et suiv.